Le Coran
Le Coran
Le Coran
"Ô vous les hommes, il vous est venu de la part de votre Seigneur une exhortation, une guérison pour les poitrines, une guidée et une miséricorde pour les croyants" (s.10 v.57)
Ce verset a magnifiquement mis en exergue l’importance et la place du Noble Coran dans la vie du croyant. C’est une exhortation à la raison, une alchimie des cœurs, un guide, une main tendue vers la miséricorde pour l’humanité entière afin que celle-ci puisse trouver le juste équilibre entre le temporel et le spirituel. A travers ses 114 sourates et ses 6236 versets, le Coran instaure la constitution, qui régit la vie. Ni poésie, ni prose, il s’inscrit dans la continuité des précédentes révélations, les corrigeant, les complétant pour parachever la lumière divine sur les Hommes : « Ceci est la révélation de ceux qui sont avec moi ; et de ceux qui étaient avant moi » (s.21, v.24). Le Prophète disait : « Dans le livre d’Allah, vous trouverez les récits des communautés d’avant vous, l’annonce de ce qu’il adviendra après vous et un discernement par rapport aux préoccupations de l’instant » (Tabarani).
L’authenticité du Coran
Le Noble Coran jouit d’une divine protection à la hauteur de son importance. En ce sens Allah, Le Très Haut, dit : « C’est nous certes qui avons fait descendre le Coran et c’est nous en sommes les gardiens » (s.15 v.9). La véracité de cette divine parole a été prouvée par le temps, car même après quinze siècles, le Coran reste inaltéré. D’ailleurs, personne ne peut démentir que, seuls, les musulmans sont parvenus à mémoriser intégralement et parfaitement leur livre divin. En dépit de cela, certains détracteurs mettent en doute, à tort bien sûr, l’authenticité du Coran. Selon eux, il n’a été transcrit que trente cinq ans après la mort du Prophète par le 3ème calife Othman, qui a ordonné la destruction des autres exemplaires. En réalité, cette thèse est absurde pour la simple est bonne raison que le coran n’est pas conservé dans les manuscrits mais dans les poitrines. Comme l’affirme Allah : « Ce sont certes des versets explicites qui résident dans les poitrines des détenteurs du savoir » (s.29 v.49). En retraçant l’Histoire, il apparaît très clairement trois étapes déterminantes dans la transmission écrite du Coran. La première étape remonte à l’époque du Prophète, qui veillait personnellement à ce que ses compagnons mémorisent chaque verset lors de leur révélation. A ce propos, il leurs disait : « Les meilleurs de ma communauté sont les mémorisateurs du Coran » (Al hakim). Il pouvait compter également sur des scribes, parmi lesquels les quatre califes, qui prenaient soin d’écrire les versets. Ensuite le Prophète s’assurait de l’authenticité des écrits, les corrigeait, le cas-échéant, et les expliquait. Puis ces manuscrits étaient confiés aux compagnons, qui maîtrisaient le mieux le Coran tel que Zayd, Obay, Ibn Massoud, entre autres ; et ceci jusqu’à la mort du Prophète en 632.
La deuxième étape est marquée par le décret en 633 d’Abou Bakr (premier calife après la mort du Prophète), qui, sous les conseils d’Omar, a décidé de regrouper tous les manuscrits ratifiés par le Prophète, en personne, et conservés par les scribes dans une seule pièce pour éviter que les manuscrits ne se perdent à la mort de ces derniers.
A l’époque du troisième calife, Othman Ibn ‘Affan, ces écrits collectés sur des supports divers (peaux de chameaux, omoplates d’animaux, tablettes…) ont été rassemblés dans un seul et unique livre, de façon contemporaine, puis copiés en neuf exemplaires et expédiés vers toutes les grandes contrées du monde musulman de l’époque. Il est vrai qu’Othman a ordonné la destruction de copies du Coran non-conformes à l’original. Ceci suite à des divergences entre les nouveaux peuples convertis, qui vocalisaient le Coran à leur manière, sans prendre en compte certaines règles de psalmodie et de lecture dont ils n’avaient pas connaissance en tant que convertis et non arabes. Ceci étant dit, ces différents stades d’évolution de la forme manuscrite du Coran n’influent en rien sur la transmission orale, égale à elle même d’hier à nos jours. Une transmission, qui, se perpétue encore et encore, encrée profondément dans la tradition. Gloire à Allah, le seul à accomplir un tel miracle: « Ceux qui ne croient pas au Coran lorsqu’il leur est parvenu, qu’ils sachent que c’est un livre inattaquable ; le faux ne l’atteint d’aucune part, ni par devant ni par derrière car c’est une révélation émanant d’un sage digne de louanges » (s.41 v.41-42).
Intemporalité et universalisme
Le Coran renferme deux singularités : la dimension universelle et intemporelle de son message. Sans nul conteste, ce sont là les secrets de sa pérennité. Il s’adresse à l’humanité entière : « Et nous ne t’avons envoyé que vers la totalité des Hommes en tant qu’annonciateur et avertisseur » (s.34 v.28). Enfin, il demeurera jusqu’à la fin des temps. Le Coran est adapté à tous les peuples et en tous temps, car il s’appuie sur le monde dit « des variables ». Autrement dit, il prend en considération les paramètres des hommes, des situations, du temps et de l’espace.
Comment comprendre le Coran ?
Pour comprendre le Coran directement sans intermédiaire, il faut posséder certaines connaissances, sans quoi il est impossible de saisir le sens du message de Dieu. Voici les connaissances en questions :
La littérature arabe et ses différentes composantes : les procédés littéraires, le style doivent être retranscrits dans les traductions. La langue arabe dispose de ses propres spécificités, ses codes et ses expressions comme toutes les autres. Par exemple, l’expression « avoir un cheveu sur la langue » ne peut être traduite mot à mot sinon elle serait inintelligible aux yeux d’un étranger. Il convient donc de trouver une équivalence. C’est le même cas de figure pour l’expression coranique « dénouer un coup », qui se traduit par donner la liberté à un esclave.
La connaissance des causes de descente : les circonstances de descente se répercutant sur les conditions d’application du verset. Allah a opté pour une révélation sporadique du Coran en fonction d’événements ou de situations particuliers, facilitant du même coup l’assimilation : « Et ceux qui ne croient pas disent : pourquoi n’a-t-on pas fait descendre sur lui le Coran en une seule fois ? Nous l’avons révélé ainsi pour raffermir ton cœur. Et nous l’avons soigneusement récité » (s.25 v.32).
Les explications que le Coran et la Sunna apportent sur le Coran. Certains versets sont, en effet, expliqués par d’autres versets tandis que d’autres ont été traduits par le Prophète, en personne. Avant donc de fournir une interprétation, il faut au préalable avoir connaissance des explications du Seigneur et de son messager à ce sujet.
Enfin il faut nécessairement tenir compte des finalités, qui motivent le message islamique. Citons par exemple : la finalité fondée sur le principe fondamental de la facilité : « Allah veut pour vous la facilité, Il ne veut pas la difficulté » (s. 2, v.185), ou celui de l’absence de gêne dans la pratique : « Et Il ne vous a imposé aucun gêne dans la religion » (s.22, v.78), ou encore de la prise en compte de l’intérêt général et de l’épanouissement spirituel. Le Coran s’aligne et décline tout simplement ces fondements.
Chères lectrices, chers lecteurs, cet article offre l’occasion de méditer sur la place que chacun de nous réserve au coran, sur la portée de son message et surtout la grandeur et la richesse de ses enseignements : « Une lumière et un livre explicite vous sont certes venus d’Allah par lesquels Allah guide ceux qui cherchent son agrément vers le chemin du salut, il les fait sortir des ténèbres à la lumière par sa grâce et les guide vers un chemin droit » (s.5 v.15-16).
2 years ago
Le Coran
La Tajwîd et sa codification
Dans l’étymologie arabe, le mot tajwid vient du mot « djayid », qui renvoie à la notion d'excellence. Ce qui revient à définir la tajwid comme étant l'art de vocaliser le Noble Coran avec excellence, comme Allah l'a révélé à notre bien-aimé le Prophète. Elle est sans nul doute l'une des sciences islamiques les plus prestigieuses, tout simplement parce qu’elle traite du Noble Coran qui, il faut le rappeler, est « meilleur que tout sauf Allah » et ceci parce qu’il n’est rien d’autre que la représentation divine sur Terre.
Il suffit tout simplement de jeter un coup d’œil aux sources islamiques pour se rendre compte de l’importance et du mérite de cette noble science. Effectivement, de nombreux versets du Coran mettent en exergue sa valeur, notamment lorsqu'il ordonne au Prophète de dire : « on m'a ordonné de faire partie des soumis et de réciter le Coran » (27:91-92), faisant ainsi de la lecture coranique le sommet des pratiques religieuses après la soumission à Allah. Un autre verset de la sourate Ali Imran en fait la première donation divine à l’humanité « Allah a certes été bon avec les croyant en leur envoyant un messager de leur communauté leur lisant nos versets, les purifiant et leur enseignant le Livre et la sagesse même si auparavant ils étaient dans un égarement profond » (2:164). Nous pouvons dire alors que le premier des bienfaits du divin accompagnant la venue du
Prophète est la lecture coranique.
Il est aussi important ici de citer les peuples voire les cités qui se sont ouvertes à l’islam juste après avoir entendu la lecture du Coran. C'est le cas des médinois avec le compagnon Moushab ibn Oumayr ou encore des djinns. A ce sujet, ces versets de la sourate Al Ahkhaf poussent à la méditation : « et lorsque Nous dirigeâmes vers toi une troupe de djinns pour qu'ils écoutent le Coran. Quand ils assistèrent à sa lecture ils dirent : Ecoutez attentivement... Puis, quand ce fut terminé, ils retournèrent à leur peuple en avertisseurs. Ils dirent : Ô notre peuple ! Nous venons d'entendre un Livre qui a été descendu après Moïse, confirmant ce qui l'a précédé. Il guide vers la vérité et vers un chemin droit. Ô notre peuple ! Répondez au prédicateur de Dieu et croyez en lui. Il [Dieu] vous pardonnera une partie de vos péchés et vous protégera contre un châtiment douloureux. Et quiconque ne répond pas au prédicateur de Dieu ne saura échapper au pouvoir [de Dieu] sur Terre. Et il n'aura pas de protecteurs en dehors de Lui. Ceux- là sont dans un égarement évident » (46:29-32)
Cet impact coranique sur les cœurs et les âmes nous rappelle la divine parole : « Allah a fait descendre le plus beau des récits, un Livre dont les versets sont homogènes et répétitifs. Les peaux de ceux qui redoutent leur Seigneur frissonnent à l'entendre; puis leurs peaux et leurs cœurs s'apaisent au rappel de Dieu. Voilà le [Livre] guide d’Allah par lequel Il guide qui Il veut. Mais quiconque Dieu égare n'a point de guide » (39:23).
Chers lecteurs et lectrices, le Noble Coran a ses mystères et ceci dans tous les domaines : sa jurisprudence, ses récits, sa philosophie mais aussi sa mélodie. A ce sujet un compagnon raconte qu'il a entendu le Prophète réciter la sourate Tour durant l'office du crépuscule alors qu'il arrivait en retard et il, dit-il, n'a jamais entendu plus belle voix. Et lorsqu’il l’entendit lire ce verset : « Ont-ils été créés à partir de rien ? Ou sont-ils eux même les créateurs? Ou ont-ils créé les cieux et la terre? Mais ils n'ont plutôt aucune conviction » (52:35-36) il dit : « mon cœur a failli quitter ma poitrine ».
Résumons en disant tout simplement qu’il suffit comme honneur aux lecteurs de savoir que le premier à le réciter est Allah lui-même « Et Nous l'avons récité soigneusement » (25:32). Puis les anges rapprochés ont fait de même « Par ceux (les anges) qui récitent le rappel » (37:3) et le Prophète reçu l’ordre de faire pareil « Et récite le Coran, lentement et clairement ». Le Coran enfin nous montre que les croyants s’inscrivent dans cette même lignée « Ceux à qui Nous avons donné le Livre, qui le récitent comme il se doit, ceux-là y croient » (2:121).
La codification de la tajwid
Il faut savoir que le Prophète l'a appris ainsi et la transmis à ses compagnons comme il lui a été révélé. Allah dit dans le Coran : « Ne remue pas ta langue pour hâter sa récitation. Son rassemblement dans ton cœur et sa fixation dans ta mémoire Nous incombent, ainsi que la façon de le réciter. Quand donc Nous le récitons par le biais de l’ange, suis sa récitation. A Nous, ensuite incombera son explication » (75:16-19). Une manière aussi de répondre à ceux qui prétendent qu'il faut comprendre d’abord le Coran avant de le mémoriser.
Le Coran a donc été révélé avec la tajwid. Cependant, il y a une différence entre la tajwid dite pratique et sa codification en forme théorique. La forme pratique de la tajwid existe depuis l’époque du Prophète et nous est parvenue ainsi, avec pour preuve un tabi'i qui s'assit devant Abdullah ibn Massoud pour lui réciter le Coran et, par deux fois, Abdullah ibn Massoud le reprit parce qu’il avait marqué une prolongation de deux temps au lieu de quatre, et Abdullah ibn Massoud après l’avoir corrigé lui dit : « C’est ainsi que le messager d’Allah me l’a enseigné ». Quant à la codification, elle n'est apparue qu’au troisième siècle après le Prophète, pour faciliter l’apprentissage. Le premier à l’avoir codifiée est l'imam Abou Muzahim al Khaqani ainsi que l'imam Al Dury, qui fut le premier à codifier les règles des lectures coraniques. Ils ont ainsi mis en place des mutunes.
Qu’est-ce que les mutunes ?
Mutunes est le pluriel de Matn en arabe. Cela désigne un moyen mnémotechnique qui permet de mémoriser plus facilement un certain nombre de règles d'ordre grammatical, scientifique etc.… On a par exemple, pour le cas du français, la classification des espèces chimiques résumée par la phrase « napoléon mangea allègrement six poulets sans claquer d'argent » ou encore le fameux « mais ou et donc or ni car » pour les conjonctions de coordination, ou les mots qui finissent en -oux au pluriel avec « vient mon chou mon bijou mon joujou sur mes genoux et jette des cailloux sur ce hiboux plein de poux ». On trouve également la phrase qui résume une partie des grands auteurs de la littérature : « une corneille perchée sur la racine de la bruyère bois l'eau de la fontaine Molière » ou enfin « Mon Vélo Te Mènera Jusque Sur Un Nuage », les initiales représentant les planètes du système solaire. Ce procédé qui vise à faciliter la réponse de la mémoire lorsqu'on la sollicite s'appelle donc Matn en arabe, et il existe des mutunes dans toutes les sciences islamiques. Le but est donc que le lecteur puisse en quelques instants se souvenir des règles de la tajwid.
Cependant, il existe deux sortes de mutunes : celles dites nathriya (des phrases simples et courtes) comme al tamhid fi al tajwid de ibn Djazari, loubab al tajwid, al mouwadih fi al tajwid, djouhdoul muqil par l'imam al Ma'rachi , al mufid fi charh 'oumdati al tajwid de al Mouradi, al moughni li al sibyane fi tadjwid al furqan de l'imam Habib Mohamed. Et il y a d’autres mutunes dites chir'iya (écrites en poème) comme la djazariya, le ra iya de al Haqani, le matn nuniya de l'imam Sakhawi, al mufid fi tajwid de Ahmad at Tibi, touhfatoul atfal de l'imam al Djamzouri , salsabil a achafi de l'imam Othman ibn Sulayman al Mourad entre autres, même si la base serait de mémoriser touhfa, djazariya et salsabil achafi pour la tajwid. Pour les lectures mineures mémoriser chatibiya et doura, pour les tahrirat ithafil bariya. Pour les majeures mémoriser tayiba et 'oumdatoul 'irfan de l'imam Azméri et rawdou nadir de l'imam Mitwalli pour les tahrirat.
2 years ago
Le Coran
Les lectures coraniques
Parler des différentes lectures coraniques est passionnant, d’autant plus qu’elles restent pour beaucoup un sujet assez méconnu et ceci, malheureusement, même chez les plus hauts dignitaires musulmans. Dans cet article, il n’est pas question d’encourager les lectrices et lecteurs à devenir des spécialistes des quiraates, mais plutôt de les sensibiliser à l’existence de cette science, de mieux la comprendre afin de mieux l’accepter. Il faut rappeler que beaucoup par leur méconnaissance ont tendance à assimiler les différentes lectures coraniques à la Bible selon Jean, Marc etc.
Les hadiths sur le sujet
« Le Coran a été descendu en sept lettres » (Bukhari). Ce hadith du Prophète qui aborde les différentes lectures coraniques est plus qu’authentique, dans la mesure où les spécialistes de hadiths le mettent au niveau de mutawatir, c'est-à-dire le plus haut degré de transmission et de fiabilité. En effet, comme le rapporte l'imam Suyuti, ce hadith est rapporté par vingt et un compagnons, ce qui est extrêmement rare. En comparaison, le hadith qui dit « les actes valent par leurs intentions » (Bukhari), celui sur les cinq piliers de l'islam ou encore celui qui mentionne le dernier pèlerinage du Prophète, même s’ils sont connus et authentiques, n’ont été rapportés que par moins d’une dizaine de personnes. Les hadiths rapportés par plus de quinze compagnons dans l'islam peuvent être comptés sur les doigts d'une main. La portée de ce hadith nous apparaît dès lors beaucoup plus claire.
Parmi les vingt et un compagnons qui ont rapporté ce hadith, on retrouve les quatre califes, ibn Massoud, ibn Abass, Abu Saïd al Khoudri, Hicham ibn al Hakim, umu Ayyub, Zayd ibn Arqam, Amr ibn al Asse, Samra ibn Jundub, Amr ibn Abi Salama, Abou Hourayra, ibn Talha al Ansari, Ubaye ibn Kaab, Abou Djahm, Mouadh ibn Jabal, Anas ibn Malik, Hudhayfa ibn al Yaman, entre autres. Bukhari et Muslim rapportent aussi selon Umar ibn al Khattab que ce dernier rentra dans la mosquée du Prophète et entendit Hicham ibn al Hakim diriger la prière. Il récitait la sourate Al Furqan d'une manière différente de ce que récitait Umar, qui l'avait mémorisée bien avant la conversion de Hicham. A la fin de la prière il l'appela pour lui demander où il l'avait apprise. Ce dernier lui répondit : « auprès du Prophète ». Umar ibn al Khattab lui demandât de le suivre auprès du Prophète pour savoir lequel d’entre eux récitait correctement. Après avoir écouté les deux, le Prophète donna raison à chacun et, devant la stupéfaction d’Umar, le Prophète dit « Ce Coran à été révélé en sept lettres, que chacun récite comme on lui a enseigné ».
Dans un autre hadith rapporté par Bukhari et Muslim selon ibn Abbas le Prophète dit : « Jibril m'enseigna le Coran en une lettre, je lui ai demandé de m'ajouter des lectures, et il ne cessa de rajouter jusqu'à ce qu'elles soient au nombre de sept».
Muslim rapporte selon Ubaye ibn Kaab qu’un homme récitait le Coran dans une lecture différente de la sienne. Il décida d’aller le voir pour l’interroger et au moment où il s’approchait il entendit un deuxième lire la même sourate différemment. Il alla donc voir le Prophète avec ces deux personnes. Mais à sa grande surprise, le Prophète fut content de la lecture de chacun. Ubaye dit alors : « j'ai douté comme pendant la jahiliyya » et le Prophète mit sa main sur sa poitrine et lui expliqua que Jibril lui apprenait le Coran en une lettre et qu’il lui en demanda plus, alors Jibril ajouta une deuxième, puis une troisième jusqu'à sept, et lui dit « récite le en sept lettres ».
Abu al Qays, servant de Amr ibn al Asse, raconte que ce dernier lui dit : « j’ai entendu un homme réciter différemment de moi. Nous nous sommes donc rendus auprès du Prophète qui me dit : « Amr sache que le Coran a été révélé en sept lettres, peut importe celle que vous récitez, c'est la bonne manière. Ne polémiquez pas ».
Al Hakim et ibn al Hibane rapporte qu’ibn Massoud dit : « j'ai appris l'une des « hamim » et j'ai vu un homme la réciter d'une autre manière, je l'ai emmené voir le Prophète. Lorsque je lui fis part de mes interrogations, il (le Prophète) devint rouge de colère et tourna son visage avant de me dire : « ceux d'avant vous ont péri à cause des divergences » et Ali se leva et dit : « le Prophète vous ordonne de réciter comme vous avez appris » et depuis ce jour chacun récitait dans une lecture différente de celle de son ami. »
Toutes ces sources ont conduit les oulémas à affirmer qu’il n'appartient à aucun musulman de rejeter une lecture, car il s’agit d’un acte de mécréance. On en conclu également que la Sunna est que chacun apprenne une lecture différente de l'autre, comme le dit ibn Massoud : « et depuis ce jour chacun récitait dans une lecture différente de celle de son ami ». Quant à ceux qui prétendent que cela peut mener à la « fitna », nous leurs répliquons que la vraie « fitna » consiste à refuser ou à combattre la Sunna.
L’utilité des différentes lectures
La révélation du Coran en plusieurs lettres comporte diverses sagesses parmi lesquelles la sauvegarde de la langue arabe dans toute sa richesse. Les différentes lectures coraniques renferment tous les choix littéraires des différentes tribus qui forment la langue arabe littéraire ou la dite classique. Il y a aussi une complémentarité dans le sens, d’où la parole du Prophète : « Mon Seigneur m’a accordé l’étendue des mots » (Ahmad), évoquant ainsi le Coran qui, grâce à ses différentes vocalisations, peut signifier beaucoup de choses à la fois sans changer le mot.
Quant au hadith « Le coran a été descendu en sept lettres », il ne signifie nullement qu’il y a sept lectures mais il désigne plutôt le nombre de points sur lesquels il peut y avoir des différences dans le Coran. En effet, il en existe sept : les noms, les verbes, la position grammaticale, la diminution ou le rajout d’une lettre, le changement d’ordre, le changement d’une lettre et les différences de dialectes. Nous y reviendrons plus amplement dans les prochains articles si Dieu le veut.
2 years ago
Le Coran
Le Coran à travers le temps
Le Coran est la parole d’Allah révélée à son Noble sceau de la prophétie, notre bien-aimé Mohamed. Malheureusement, beaucoup par leur ignorance de l’histoire du Saint Coran s’interrogent sur son authenticité, prétextant qu’il n’a jamais été écrit à l’époque du Prophète mais plutôt par le troisième calife Uthman qui ne se serait pas gêné pour y apporter des changements. Pour couper court à ces allégations, nous allons, grâce à cet article et si Dieu le veut, retracer le voyage du Coran à travers le temps et l’espace, en espérant ainsi éclairer nos fidèles lectrices et lecteurs.
Allah dit dans le Noble Coran « Et ceux qui ne croient pas disent : Pourquoi n'a-t-on pas fait descendre sur lui le Coran en une seule fois ? Nous l'avons révélé ainsi pour raffermir ton cœur. Et Nous l'avons récité soigneusement » (25:32). Ce verset met en lumière une réalité fondamentale, à savoir que le Coran n’a pas été descendu en une seule fois mais plutôt en vingt-trois années, car il descendait par rapport aux faits et aux chroniques qui eurent lieu à son époque. Et parfois il descendait pour répondre aux interrogations des uns et des autres. D’ailleurs, l’expression « ils t’interrogent alors dit leurs… » est répétée douze fois dans le Coran. Tout ceci montre que la descente du Coran en plus de deux décennies a permis aux peuples de l’époque de mieux vivre les enseignements de ce dernier : « Nous l'avons révélé ainsi pour raffermir ton cœur. Et Nous l'avons récité soigneusement ».
Le Prophète, quant à lui, ordonnait à ses compagnons de mémoriser les versets dès leur descente et disposait d’un groupe de scribes chargé de mettre en écrit les versets au fur et à mesure de leur révélation. Les plus célèbres parmi ces scribes furent : les quatre califes, Mua'wiya Ibn Abi Soufiane, Aban Ibn Sa'id, Khalid Ibn Elwalid, Abi Ibn Ka'b, Zayd Ibn Thabit, Thabit Ibn Qayss parmi de nombreux autres. Le Prophète leur indiquait l'emplacement de chaque verset et la sourate à laquelle il fallait l’affilier. Pour ce projet de transcription écrite du Coran, les compagnons disposaient comme support de pierres aplaties, de peaux de bêtes, des parchemins ou encore d’omoplates de chameaux. Puis chaque scribe gardait ses écrits en sureté. Certes le Coran ne pouvait pas être à cette époque réuni en un seul livre, pour la simple et bonne raison qu’un verset pouvait encore être révélé n’importe quand et dans n’importe quelle sourate, et ceci durant vingt-trois ans. A ce sujet, l’imam as-Suyuti dit: « Le Coran n'a pas été rassemblé à cette époque, car on s’attendait à de nouvelles descentes. Mais après la mort du Prophète, la révélation fut achevée. Donc les califes bien guidés eurent l'idée de le rassembler et de l'ordonner dans un livre dans les meilleures conditions ».
Et il faut savoir que de toutes manières, les dignitaires musulmans mémorisent totalement et parfaitement le Coran et ceci depuis l’aube de l’islam car encouragés par la parole prophétique « les meilleurs de ma communauté sont ceux qui mémorisent le Coran » (Bayhaqi), et, à ce titre, le verset qui dit « Il (le Coran) consiste plutôt en des versets évidents, préservés dans les poitrines de ceux à qui le savoir a été donné. Et seuls les injustes renient Nos versets » (29:49) prend tout son sens.
En retraçant l’Histoire, il apparaît très clairement trois étapes déterminantes dans la transmission écrite du Coran. La première étape remonte à l’époque du Prophète, qui veillait personnellement à ce que ses compagnons mémorisent chaque verset lors de leur révélation. A ce propos, il leur disait : « Les meilleurs de ma communauté sont les mémorisateurs du Coran » (Bayhaqi). Il pouvait compter également sur des scribes, parmi lesquels les quatre califes, qui prenaient soin d’écrire les versets. Ensuite le Prophète s’assurait de l’authenticité des écrits, les corrigeait, le cas-échéant, et les expliquait. Puis ces manuscrits étaient confiés aux compagnons, qui maîtrisaient le mieux le Coran tel que Zayd, Obay, Ibn Massoud, entre autres, et ceci jusqu’à la mort du Prophète en 632.
La deuxième étape est marquée par le décret en 633 d’Abou Bakr (premier calife après la mort du Prophète), qui, sous les conseils d’Omar, a décidé de regrouper tous les manuscrits ratifiés par le Prophète en personne, et de les faire conserver par les scribes dans une seule pièce pour éviter que les manuscrits ne se perdent à la mort de ces derniers.
A l’époque du troisième calife, Othman Ibn ‘Affan, après la deuxième ou la troisième année de son califat et pendant la conquête de l’Arménie et l’Azerbaïdjan (qui regroupa les musulmans de plusieurs contrées notamment de la Syrie et de l'Irak), les compagnons spécialistes du Coran ont remarqué des discordes sur la vocalisation au sein de la nouvelle génération de musulmans. Sur les conseils de Houzayfa ibn al Yaman, le calife Uthman prit la décision de globaliser et de faciliter l’accès aux manuscrits coraniques en faisant neuf copies du manuscrit d’origine en la possession de la sainte Hafsa. Ces écrits collectés sur des supports divers (peaux de chameaux, omoplates d’animaux, tablettes…) ont été rassemblés dans un seul et unique livre, de façon contemporaine, puis copiés en neuf exemplaires et expédiés vers toutes les grandes contrées du monde musulman de l’époque. Le calife Uthman choisit quatre grandes figures parmi les compagnons, à savoir: Zayd Ibn Thabit, Abdallah Ibn Alzoubayr, Saa'd Ibn A'ss et Abdrahmane Ibn Harith Ibn Hachim pour concrétiser ce projet tout en prenant compte des différents lectionnaires.
Il est vrai qu’Uthman a ordonné la destruction de copies du Coran non-conformes à l’original. Ceci suite à des divergences entre les nouveaux peuples convertis, qui vocalisaient le Coran à leur manière, sans prendre en compte certaines règles de psalmodie et de lecture dont ils n’avaient pas connaissance en tant que convertis et non arabes. Ceci étant dit, ces différents stades d’évolution de la forme manuscrite du Coran n’influent en rien sur la transmission orale, égale à elle-même d’hier à nos jours. Une transmission qui se perpétue encore et encore, profondément ancrée dans la tradition. Gloire à Allah, le seul à accomplir un tel miracle: « Ceux qui ne croient pas au Coran lorsqu’il leur est parvenu, qu’ils sachent que c’est un livre inattaquable ; le faux ne l’atteint d’aucune part, ni par devant ni par derrière car c’est une révélation émanant d’un sage digne de louanges » (41:41-42).
Les points et la vocalisation
Lorsque Uthman ordonna de publier le Coran à grande échelle, l’écriture ne comportait ni point ni accent, et cela a duré des siècles. Jusqu'à ce que la communauté musulmane non arabe soit devenue très importante et qu’elle ait du mal avec la lecture sans point ni accent. Aba Aswad Al Dualli fut chargé de trouver une solution pour faire face à cette nouvelle difficulté. Au début il fut hésitant mais lorsqu’il entendit une personne changer involontairement une voyelle, ce qui eut une grande incidence sur le sens, il finit par se décider. Il commença la vocalisation du Coran et au fur et à mesure ces règles ont subi des améliorations jusqu'à devenir ce qu’elles sont aujourd’hui. Les points qui différenciaient les lettres semblables dans l'écriture ont été l’œuvre de Nasr Ibn A'as et Yahya Yaa'mar. Plus tard, le roi Abd Malik Ibn Maroine chargea Hajaj Ibn Youssef (Émir d'Irak) de désigner un comité de deux savants spécialistes dans la langue arabe pour améliorer le travail d’Abi Aswad Al Dualli.
A l’époque des abbassides, Khalil Ibn Ahmed Albasri créa l’amélioration suivante pour la vocalisation :
Le son A (َ--): c'est un petit « alif » allongé au-dessus de la lettre.
Le son o (ُ--): c'est un petit « waw » au-dessus de la lettre.
Le son i : c'est un petit « alif » allongé en-dessous de la lettre.
C'est un petit « sinn » (-ّ-) allongé au-dessus de la lettre.
C'est le signe de la lettre « kha » (-ْ-) la lettre muette.
Et d'autres comme « l'ichmam » et « le rawm ».
Tout cela a permis la mémorisation du Coran sans fautes et de la manière la plus facile. Puis, afin de partager le Coran, les savants ont commencé à mettre trois points à la fin de chaque verset, puis de mettre le terme « cinq » tous les cinq versets, puis le mot « dix » tous les dix versets, avant d’intégrer les noms des sourates et leurs qualificatifs mequoise ou médinoise. Puis certains oulémas ont divisé le Coran en trente parties « juz » contenant deux « hizb ». Et chaque hizb est divisé en quatre parties nommé « rubua' ».
Chers lectrices et lecteurs, nous espérons qu’à l’issue de cet article vous pourrez admirer avec nous les efforts que nos prédécesseurs ont fourni afin de nous transmettre la parole de notre Seigneur de la manière la plus accessible et la plus facile.
2 years ago
Le Coran
La sourate La cité
« ô vous les Hommes! Il vous est certes venue, une exhortation de votre Seigneur, une guérison pour ce qui est dans les poitrines, une guidée et une miséricorde pour les croyants. » (10 :57)
Chers lectrices et lecteurs, c’est en ces termes que notre Seigneur met en exergue la place que doit occuper le Noble Coran dans la vie de tout Homme, même si seul un croyant convaincu peut en saisir la profondeur. Fidèle à cette vision qui considère qu’en ayant donné à l’humanité le Coran et le prophète, notre Seigneur a parachevé sur elle ses bienfaits, nous nous faisons le plaisir de partager avec vous dans cet article les enseignements à tirer de l’exégèse de la sourate La cité. Comment s’égarer lorsque d’une part nous disposons des théories coraniques et d’autre part de sa forme pratique que représente notre bien aimé le prophète. Vous verrez bien, je l’espère, à l’issue de cet article la beauté dans laquelle cette noble sourate à mis le doigt sur la voie qui doit être celle de tout aspirant de l’islam du soi, l’islam de profondeur, l’islam de l’illumination intérieure, l’islam qui n’apporte à l’itinérant vers Allah que paix et repos afin de mériter la divine interpellation : « ô toi, l’âme sereine, retourne vers ton Seigneur, satisfaite et agréée » (89 :27/28) C’est seulement et uniquement après avoir connu l’apaisement intérieur que l’on peut se réjouir d’entendre de notre Seigneur l’ultime notification qui nous rend digne de faire partie de Ses dévoués serviteurs et méritant la demeure de Sa satisfaction : « entre donc parmi Mes serviteurs, et entre dans Mon Paradis » (89 :29/30). O Seigneur irrigue nos cœurs de ton inspiration et nos plumes de ton divin soutien.
Aperçu de la sourate
La sourate La cité (al balad) est une sourate totalement mecquoise ; c’est à dire révélée à la période d’avant l’hégire de notre bien aimé le prophète en l’an 622. On peut même affirmer qu’elle fait partie des premières sourates à être révélées. En effet, elle fut descendue à la trente cinquième position après la révélation de la sourate Qaf et celle de la sourate al Tariq. Cependant dans l’ordre coranique elle se trouve dans le dernier chapitre dit de Amma à la quatre vingt dixième position entre al Ghashiya et al Shams. Avec ses vingt versets elle comptabilise quatre vingt deux mots et trois cent trente cinq lettres. Elle a été révélée principalement pour prendre la défense du prophète, lui apporter un soutien moral et en même temps montrer la voie à suivre pour tout croyant. Ainsi Allah dit :
« Au nom d’Allah le Tout miséricordieux, le très miséricordieux Je jure par cette Cité ! Et toi, tu es un « hilloune » dans cette cité. Et par le père et ce qu'il a engendre ! Nous avons, certes, créé l'homme dans la souffrance. Pense-t-il que personne ne pourra rien face à lui ? Il dit : "J'ai gaspillé beaucoup de biens". Pense-t-il que nul ne l'a vu ? Ne lui avons Nous pas assigné deux yeux, et une langue et deux lèvres ? Ne l'avons-Nous pas guidé aux deux « Nadjd ». Or, il ne s'engage pas dans l’embuche! Et qui te dira ce qu'est l’embuche? C'est affranchir un joug, ou nourrir, en un jour de famine, un orphelin proche parent ou un pauvre dans la misère. Puis faire parti de ceux qui croient et s'enjoignent mutuellement l'endurance, et s'enjoignent mutuellement la miséricorde. Ceux-là sont les gens de la droite; alors que ceux qui ne croient pas en Nos versets sont les gens de la gauche. Le Feu se refermera sur eux. »
Analyse de la sourate
Dans les trois premiers versets, notre Seigneur, par Sa grandeur, jure par deux éléments. Il jure par « cette cité » d’une part et, d’autre part, par « le père et ce qu’il a engendré ». Ici, il ne faut surtout pas tomber dans l’erreur qui consiste à considérer le Seigneur comme Ses créatures. En effet, là où les créatures ressentent le besoin de jurer pour certifier leurs dires et sceller leurs engagements, le Seigneur, Lui, jure sur des éléments afin de montrer soit leurs sacralités soit leurs mérites et importances auprès de Lui. Ainsi donc, par ce verset, nous comprenons la sacralité du culte symbolisé par la ville sainte de La Mecque mais aussi la sacralité de l’humain symbolisé par l’homme et sa progéniture. Quiconque saisi cela ne peut se permettre d’élever l’un au détriment de l’autre. L’Homme et son culte, ses idéologies, ses pensées sont garanties par le droit divin. Quelle place alors au fanatisme aveugle et à la haine dévoratrice de sens.
Cependant en citant la sacralité du culte et celle de l’humain, notre Seigneur, par Sa sagesse, met Son noble messager, notre maitre le prophète, entre les deux comme pour nous montrer non seulement la sacralité de ce dernier mais aussi le fait qu’il est invraisemblablement le trait d’union entre l’un et l’autre ou l’inspirateur suprême du respect de ces sacralités. Il dit : « Je jure par cette Cité Et toi tu es hilloune dans cette Cité et par le père et ce qu’il a engendré ». (89 :1/3).
Dans ce verset, et comme vous l’avez remarqué, je n’ai pas souhaité traduire le terme arabe hilloune car en réalité n’ayant pas de réelle équivalence en français. Il peut à la fois signifier un résident mais aussi le caractère licite d’une chose. Comme si notre Seigneur par Sa grande sagesse voulez nous montrer par un seul mot la situation de notre bien aimé le prophète au moment de la révélation de ces versets ; en dépit d’être le plus noble habitant ayant naquit et grandit dans cette ville dont ses aïeux incarnent toute Sa grandeur et pour laquelle ils se sont battus pour sa protection, malgré cela, ses ennemis, aveuglés par la haine, considéraient toute pratique inhumaine le visant étant licite. Comme si dans la vie, toute personne différente que soi, devait être privée de respect, de sacralité et même d’humanisme.
Dans les cinq versets suivants, notre Seigneur met le doigt sur, à la fois la réalité de l’existence de l’homme mais les moyens que son Seigneur lui a attribué afin de lui permettre de réussir son passage dans ce bas monde. Il dit « Nous avons, certes, créé l'homme dans la souffrance. Pense-t-il que personne ne pourra rien face à lui ? Il dit : "J'ai gaspillé beaucoup de biens". Pense-t-il que nul ne l'a vu ? Ne lui avons Nous pas assigné deux yeux, et une langue et deux lèvres ? Ne l'avons-Nous pas guidé aux deux « Nadjd ». (89 :4/10).
Certes la souffrance, qu’elle soit extérieure ou intérieure, n’a de but que de forger l’Homme et de lui permettre de discerner à travers tous ses états d’âmes afin de voir qu’en réalité, la difficulté ou la facilité n’a point d’existence ni d’utilité que si elle mène à la finalité suprême : connaître le Seigneur. Face à l’épreuve, crier l’absence de la miséricorde divine n’a aucun sens car l’Homme « Pense-t-il que personne ne pourra rien face à lui ? » (89 :5). De même que se créer un semblant de vérité ne conduit à aucune vérité car L’Absolu voit et connaît tout et même si nous ne saisissons pas sa dimension, Il a donné à l’Homme tout les moyens d’observation, d’analyse mais aussi d’action, tout en Le guidant vers les deux voies manifestes, à savoir le bien et le mal. Dans ce sens il dit : « Il dit : "J'ai gaspillé beaucoup de biens". Pense-t-il que nul ne l'a vu ? Ne lui avons Nous pas assigné deux yeux, et une langue et deux lèvres ? Ne l'avons-Nous pas guidé aux deux « Nadjd ». (89 :6/10). Le mot Nadjd dans la langue arabe désigne toute voie se situant sur des plaines à la fois visible par tous mais aussi accessible. Dans ce verset Il désigne la voie du bien et du mal que nul n’est censé ignorer.
Chers lectrices et lecteurs, après ce bref aperçu sur la première moitié de cette Noble sourate, nous vous donnons rendez-vous le vendredi suivant par la grâce d’Allah afin de poursuivre l’analyse de la deuxième et dernière partie de cette sourate qui comme vous le verrez est consacrée à la purification de l’âme. D’ici là, je vous souhaite bonne lecture mais aussi bonne méditation.
2 years ago
Le Coran
Les piliers de la Tajwîd
« Celui qui excelle dans la lecture du Coran sera en compagnie des plus nobles anges rapprochés, quant à celui qui lit le coran en persévérant alors qu’il en éprouve une grande difficulté, il sera doublement récompensé. » (Bukhari)
C’est cette noble parole du prophète qui illustre le mieux l’importance de la bonne pratique de la tajwid, cet art qui consiste à vocaliser le Saint Coran de la meilleure des manières, en d’autre termes, le lire comme Allah l’a révélé et comme son prophète puis ses compagnons l’ont transmis. Cependant, à l’heure actuelle nombreux sont ceux qui dans leurs recherches de la bonne récitation s’attardent plus sur la beauté de leurs voix transformant ainsi la lecture du Noble Coran en un exercice de chant plus qu’autre chose. Cet article à pour vocation première de sensibiliser nos lecteurs sur la bonne pratique de cette discipline qui, comme tous les arts, a des règles strictes, une technique et des piliers fondamentaux dont la connaissance et l’application permettent d’exceller dans son accomplissement.
Les cinq piliers du lecteur
Lorsque l’on se lance dans la science de la tajwid, il est impossible de passer à côté d’Ibn al Jazari (cf grandes figures de l’islam), ce grand personnage qui a laissé une marque indélébile dans l’histoire des sciences coraniques. Dans l’un de ses nombreux ouvrages, le matn al Jazariya, il débute par quelques vers très connus de ceux qui s’intéressent de près à la tajwid résumant les piliers de la lecture coranique en cinq points qui consistent en :
La parfaite connaissance des points de sortie des lettres (makhârij al hurûf)
Ce sont tout simplement les lieux d’articulations des lettres de la langue arabe. En effet, chaque lettre sort d’un lieu spécifique de la bouche et la gorge. La maîtrise de ce premier point permet de se défaire de la difficulté que beaucoup éprouvent quand il s’agit de faire la différence entre les lettres qui se ressemblent et dont les points de sortie se rapprochent. Pour illustrer, on peut donner comme exemple les lettres Qaf et le Kaf ou encore le Dhal et le Zay, etc. ibn Al Jazari dans ses divers ouvrages relatifs à la tajwid a dénombré les différents points de sortie des lettres en 17.
Les caractéristiques des lettres (Sifât al hurûf)
En effet, connaître le bon endroit où s’articule la lettre ne suffit pas à sa bonne prononciation car chaque lettre a ce que l’on pourrait appeler une « identité ». Est-ce une lettre amplifiée ou non ? Comment doit-on la prononcer lorsqu’elle porte telle ou telle voyelle ? Est-ce ou non une lettre sifflée ? Fait-elle partie des lettres sur lesquelles on applique la règle du qalqala ? Il faut savoir que deux lettres peuvent sortir du même lieu d’articulation mais différer sur leurs Sifât qui font leur singularité. On peut donner comme exemple les lettres Ba et Mim qui sortent toutes les deux des lèvres mais leur différence réside dans la Sifat de qalqala du Ba et le hams du Mim. Dans un prochain article, si Dieu le veut, nous nous attacherons à expliquer en détail la terminologie de chaque Sifat. Cependant, il faut savoir qu’une lettre peut accumuler jusqu’à 7 caractéristiques (Sifât) différentes.
Connaître les ahkams (règles) de la lecture
Il faut comprendre par là connaître et appliquer les règles de lecture des mots coraniques, car il existe une différence entre lire l’arabe et lire le Coran. En effet la lecture coranique est soumise à des règles strictes qui nous viennent de la récitation du prophète lui même. Il est question ici non seulement du respect des deux points précédents mais aussi de l’ensemble des règles de lecture comme par exemple la prolongation des voyelles longues (mudûd), la nasalisation (ghunna), les farch ou encore toutes les règles propres à chacune des Dix Lectures comme les inflexions vocaliques (imâla) pour ne citer que celle-ci. On ne peut pas s’adonner à la lecture du Saint Coran comme on lirait un journal ou un livre écrit en arabe.
Respecter les arrêts dans le Coran
Il est malheureusement l’un des piliers de la tajwid les moins appliqués et pourtant l’un des plus important car comme le dit l’imam Dani : « celui qui ne connaît pas la science des arrêts et des reprises ne fait pas partie des Qura (lecteurs spécialistes) ». La connaissance des arrêts et reprises lors de la lecture du coran (en arabe, waqf wa ibtida) est une vraie science à elle seule. En effet un mauvais arrêt ou une mauvaise reprise lors de la lecture d’un verset (à cause du manque de souffle) peuvent dénaturer et changer le sens d’un verset et lui donner parfois une signification contraire au sens initial. Par exemple le verset 116 de la sourate 2, Allah dit : « Et ils ont dit : Dieu s'est donné un fils Gloire à Lui » En lisant ce verset, on peut être tenté de croire que les non croyants ont dit : Dieu s'est donné un fils Gloire à Lui. Alors qu’en réalité ils ont dit : « Dieu s'est donné un fils » et Allah leur répond en disant : « Gloire à Lui ». Donc marquer un arrêt dans la lecture fera office de ponctuation vocalique et à l’écrit, on pourra le transcrire de cette manière : « Et ils ont dit : Dieu s'est donné un fils ! Gloire à Lui !» avec un point d’exclamation. De la même manière un bon arrêt peut apporter une autre compréhension du verset sans pour autant altérer son sens général et parfois même l’embellir. Exemple le verset 29 de la sourate 55 où Allah dit : « Ceux qui sont dans les cieux et la terre L'implorent chaque jour Il accomplit une œuvre nouvelle ». Dans ce verset, en changeant la ponctuation, on peut changer le sens qui reste tout à fait juste dans tous les cas. On peut alors dire : « Ceux qui sont dans les cieux et la terre L'implorent chaque jour » puis la suite : « Il accomplit une œuvre nouvelle ». On peut aussi considérer le sens comme suivant : « Ceux qui sont dans les cieux et la terre L'implorent » et la suite : « chaque jour Il accomplit une œuvre nouvelle ». Cette nuance ne se voit qu’à l’oral, mais à l’écrit, il suffit tout simplement de mettre la ponctuation là où il faut. Vous voyez donc bien l’importance de connaître quand on lit le coran là où il incombe de s’arrêter ou pas.
Connaître l’écriture coranique
Le Coran nous est parvenu de deux manières distinctes : par voix orale (le prophète récitait et ses compagnons répétaient ce qu’il disait et étaient corrigés sur leur lecture), mais aussi par transcription écrite. La manière d’écrire le coran diffère des méthodes de transcription écrite de la langue arabe. C’est pour cela que savoir écrire l’arabe ne permet pas d’écrire comme le prophète nous l’a ordonné d’où l’importance de maîtriser ilmou al rasm. Surtout quand il s’agit des mots qui s’écrivent séparément et que le coran écrit comme un seul mot ou vice-versa. Par exemple le terme «لا أن » qui parfois peut s’écrire par « ألا ». Même si la prononciation à l’oral est la même, l’écrit change. D’autres mots peuvent être écrits avec un « ة » ou un « ت » comme le mot « شجرة , شجرت ».
Savoir comment tel ou tel mot est écrit dans le Saint Coran est primordial car les règles de la tajwid en dépendent. Pour le mot « شجرة », écrit avec une « Ta marbuta » ( ة ), à l’arrêt la lettre finale sera prononcée comme un « ه » et si on ne s’arrête pas sur le mot comme un « ت ». Et si il est écrit avec un « Ta ouvert » « ت » alors à l’arrêt et en continu il reste toujours Ta.
Le but alors est de connaître les méthodes de transcription écrite du coran pour ne pas se tromper à l’oral.
Cependant, en plus des cinq points cités, il incombe à chaque lecteur de respecter le rythme de récitation qui a été choisi. En effet, dans la tajwîd il existe trois catégories de rythmes qui sont en quelque sorte des niveaux de lenteur ou de rapidité bien distincts. Il y a le rythme appelé Al Tahqiq, qui fait référence à la lecture dite lente. Il y a aussi Al Hadr qui indique la rapidité bien sur avec le respect de l’art. Quant au troisième et dernier niveau, il est dit Al Tadwir qui est un niveau intermédiaire, ni lent ni rapide. Il faudra éviter lorsqu’on lit le coran de jongler entre les rythmes dans une même récitation et de s’attacher à respecter celui avec lequel nous avons débuté pour éviter ainsi de faire de cet acte un exercice de chant.
L’une des autres erreurs les plus communes des lecteurs qui cherchent à soigner leur récitation réside dans l’exagération de la prononciation des lettres. En effet beaucoup oublient que la tajwid consiste à donner à chaque lettre « son droit » et non pas à les sur-prononcer. Chaque lettre possède sa prononciation il ne faut donc pas chercher à en faire plus.
Après toutes ces explications il devient clair que baser ses efforts dans l’embellissement de sa voix sans pour autant appliquer les règles liées à la lecture du saint livre est inutile : La belle voix ne fait pas la belle récitation. Nous ne voulons pas dire par là qu’il ne faut pas chercher à embellir sa voix, bien sur que non, le prophète disait lui-même « embellissez vos voix lorsque vous récitez le coran » (Abu Daoud) mais ceci ne doit pas se faire au détriment des ahkams. Il faut aussi souligner ici que chaque individu naît avec son propre timbre de voix, le défi sera donc de parvenir à maîtriser sa voix et pour cela respecter 2 règles fondamentales : ne pas en faire trop dans la recherche de la belle voix en chantant le Coran et ne surtout pas imiter les grands lecteurs !! L’imitation est l’un des grands fléaux du monde de la récitation car elle empêche l’innovation et l’originalité dans la lecture. On peut bien sûr écouter et s’inspirer des grands lecteurs mais ne surtout pas calquer sa récitation sur les leurs.
Chers internautes, la lecture du coran est l’une des plus grandes adorations à laquelle un musulman peut s’adonner. Il convient donc de chercher à exceller dans cette pratique et ceci passe par une connaissance pointue des différentes règles qui lui sont propre. Apprenons donc à s’asseoir devant les savants pour palier à nos lacunes dans cette science. Allah le Très Haut dit : « Ceux à qui Nous avons donné le Livre et qui le récitent comme il se doit, ceux-là sont ceux qui y croient » (2:121).
2 years ago